Entre Amour et tremblement
- Vibration éditions
- 25 avr.
- 11 min de lecture
Liliya Gazizova
Recueil poétique trilingue :
Russe - turc - français
A pzaraître : 1er mai 2025
Un moi sage et sauvage
Préface de Mihaela-Gențiana Stănişor
Université « Lucian Blaga » de Sibiu
Directrice de la revue semestrielle de littérature et de philosophie Alkemie.
Née à l’époque soviétique à Kazan, de nationalité tatare, Liliya Gazizova a un parcours existentiel spectaculaire. Elle quitte son pays pour vivre et enseigner la littérature russe en Turquie. Mais elle continue à écrire de la poésie en langue russe et à chercher, comme l’indique à juste titre, en fin d’ouvrage, Daria Zhemtchougova, l’harmonie. En réalité, elle continue sa quête de soi dans sa langue maternelle, mais en vivant ailleurs, dans un lointain géographique, sociopolitique, culturel et linguistique, qui l’aide à mieux se regarder elle-même et à se rapprocher de ses profondeurs. L’éloignement de son pays, de ses racines, du paysage de son enfance ne représente pas pour elle un détachement de sa langue ou de ses origines.
Les poèmes qui composent ce recueil, écrits en russe et traduits en turc et en français, deviennent ainsi l’expression d’un amoureux exil, d’une tension dramatique que l’auteure subit par la séparation non seulement de son univers originaire, mais aussi de son passé, de son enfance et de sa famille, qu’elle essaie de reconstituer dans ses vers. Ainsi, elle met en page une « poétique de la rêverie » (pour reprendre une formule bachelardienne) : « S’endormir plus tôt que d’habitude. / Se réveiller au milieu de la nuit / Et essayer de se souvenir / De ce dont j’ai rêvé. », au milieu « des villes et des feuilles », ou bien des objets destinés à reprendre sur eux la charge émotionnelle d’un moi-enfant, d’un être captif dont les caprices sont exploités par un regard critique, tendre et cruel en même temps.
Liliya Gazizova construit les trois parties de son livre, « Entre Amour et tremblement de terre », « Sois capricieux, mon fils » et « Les villes et les feuilles », autour d’une fine toile narrative qui comprend aussi un surprenant fil biographique. C’est un aller-retour symbolique entre des terres et des temps, entre des amours et des pertes, ainsi qu’une manière de se suivre elle-même dans un monde désiré et imaginé sans marges, à partir des topos connus et parcourus : « Kazan, le pont du Millénaire, Yudino, Istanbul, la tour Sultanahmet, le Bosphore, Bruges, la place du Marché, le café Le Gourmet, Casablanca, Kiev… », dont la réalité intensifie la détresse et l’inaccomplissement. Le moi se projette dans des visages indéfinis, tels que « elle » et « il » — instances lyriques dialogiques dont la neutralité n’est qu’une accentuation de voix et de voies (de tonalités et de significations) ; une forme d’altérité complice, d’évasion rédemptrice dans la troisième personne énigmatique. La fuite est refuge, mais aussi complicité existentielle, survivance empathique. La tonalité devient, parfois, impérative : « Sois capricieux, mon petit ! », (qui pourrait bien se formuler ainsi dans le registre poétique-programmatique : « Sois distant, mon petit moi ! »). L’accent tombe sur le désir ardent d’un moi cherchant à préserver sa solitude, un moi sage et sauvage à la fois, persévérant dans sa quête du mot conciliateur et puissant, capable d’assumer le poids de l’existentiel.
Dans une tonalité confessionnelle, le « je » s’affiche timidement ou bien audacieusement, se transpose parfois dans les objets les plus habituels ou les plus étranges, ou bien se lance, dans des affirmations fermes mais aussi capricieuses : « Je veux être ma moitié gauche ! » : mutation ontologique, condensation sentimentale car la moitié gauche, c’est le siège du cœur et de ses mouvements. C’est le centre du sentir, où le moi frémit. Car c’est un moi qui se réfugie dans la rêverie pour faire face à une incompatibilité ontique et géographique. La rêverie devient la réalité d’un moi exilé. L’exil est même désiré, car c’est une forme de liberté et de soulagement. C’est par la rêverie que Liliya Gazizova se place sur le chemin de la liberté et d’une errance joyeuse. Ce qui entretient son pathos, c’est l’itinéraire de l’entre-deux (espaces, sentiments, moi), métaphoriquement suggéré, dès le titre, Entre amour et tremblement de terre, résumant un modus vivendi et un modus operandi : celui des contraires ; de la rupture ontologique et romantique ; vivre plutôt pour un amour-tremblement de terre, absolu, transfigurateur. Le sens profond d’un tel amour est que lui seul pourrait triompher sur l’amour de sa terre et de sa patrie, de toute terre et de toute patrie ; c’est lui qui fait le bonheur de l’errance dans des villes, et qui donne sens au passage des « feuilles », symbole du temps qui s’écoule indolemment, de l’automne où « je clarifie — / Avec effroi — / Mon idée du bonheur » — saison de la gravité ontologique, où le sentiment se conceptualise et fait figure de certitude. C’est le temps du pressentiment, paradoxalement, libérateur : celui de la fin, du calme absolu.
Liliya Gazizova construit donc sa poésie sur le principe d’une scission, d’une dualité, d’un dérèglement de sens en descendance rimbaldienne. C’est la poétique de « la gauche », révélée dans le poème qui ouvre le recueil, et qui lance d’ailleurs cette double perspective lyrique : celle d’une carence ontologique (vivre en exil physique et métaphysique), qui s’empare de la partie gauche du corps ; c’est aussi le désir de tout ramasser dans un cœur qui s’hypertrophierait pour mieux accueillir les pulsations existentielles et artistiques d’un être né tronqué. La gauche seule est apte à construire l’univers sensoriel et fictionnel salvateur. C’est ici que le regard se laisse regarder, que le sentiment se laisse explorer. Les circonstances existentielles font que le regard ne peut qu’entrevoir. Et le langage surprend cette transition du réel à l’imaginaire, du transitif au réflexif : « Sur la main gauche j’aime / soulever mon menton / Quand je regarde quelque chose pendant longtemps ».
La rêverie aide à élever la moitié sensible à la hauteur du tout réflexif. Vivre dépouillé est une chance désirable d’accomplissement intime, une ouverture assumée sur le monde et sur l’autre (mais aussi sur l’autre moi), une projection et une démystification ; une parfaite communion entre les pascaliens « esprit de finesse » de la gauche et « esprit de géométrie » (et « de droiture ») de la droite : « Je veux être ma moitié gauche ! / Allonge-toi à ma droite, mon bien-aimé ! / Et je vais te chuchoter doucement-doucement à ton oreille / Les mots de droiture. / Les plus justes. » Le cœur serait alors, dans cette dialectique poétique, la raison primordiale d’être sensoriel et d’avoir recours incessamment à l’expression spontanée de ses émotions. Dans ces conditions, l’être n’est plus « un texte biffé », mais un texte modelé, repris, complété, assouvi qui suit la quête de soi et de l’amour de l’autre lorsqu’il n’y a pas d’amour de soi.
L’ambiance lyrique est dominée par un moi haïssable et par le désir d’anéantissement de soi. Les mots sont appelés à faire le vide, à supprimer les passions du cœur, de cette gauche tutélaire. Pour exister, la sensibilité n’est pas de mise ; pour créer, il faut pourtant avoir « [l]a valve cardiaque affaiblie » ; changer d’identité, atrophier son existence et son existant, aspirer à n’être plus personne, comme Mallarmé ; selon la poète il faut devenir « N’importe quoi d’autre / Sauf Liliya Gazizova. » : dépersonnalisation, impersonnalisation, anéantissement — les marques stylistiques du moi indésiré et indésirable.
Les échos mallarméens du désir d’impersonnalité rejoignent ici les passions pascaliennes de l’âme dans la fabrication d’une po(ï)étique de l’errance et de la rêverie. Curieusement, l’errance est pour Gazizova un refuge, le seul à sa portée. Ainsi, le noyau sémantique du recueil consiste-t-il dans une fuite-refuge : de soi, du monde, du confort, du stable, de l’amour ; fuite vers un perpétuel « tremblement de terre » dont les connotations sont positives : il faut aller vers le désastre, l’affronter, l’intensifier, le rendre désirable et mystérieux, s’en laisser traîner : « Il y a tellement de routes sur terre / Et je veux les parcourir toutes : / Pierreuses, sablonneuses, limoneuses… ». Dans cette logique poétique, il faut inciter le désastre et le saisissant, et cultiver le non-nécessaire : « Si je deviens nécessaire — je partirai. » C’est le motif de la neige qui vient parfaitement s’associer à cette quête du passager et de la joie de l’instant, d’un unique instant. Tout comme la neige, le poème est la graphie blanche d’un absolu inattendu, fulgurant : « Parfois insupportables, / Mais brillantes / Sont les chutes de neige en mars… ».
Ainsi, la vie n’est-elle possible que par la rêverie. Car l’existence circonscrite, marginale, coincée dans un « phare » lointain ne peut être dépassée que dans l’imaginaire. Le poème, nous montre Gazizova, parfait l’exil physique et métaphysique, et passe au-delà de la petitesse de la vie : « Je rêverai de bateaux / M’emportant / De ce fichu phare… ». Dans cet univers, le sentiment de la limite, de l’espace clos et suffocant, mortifère, revient et perturbe l’esprit : « Immobilisées dans un vase en attendant la nuit / Les fleurs nous écouteront / Avec perplexité : / Quand ces deux-là se mettront à l’agriculture… ? ». Il faudrait se sauver de l’immobilisme, de la contrainte moderne de la technologie, et revenir aux occupations naturelles primordiales, à la libre simplicité existentielle. Dans la rêverie, l’espace étroit (de la réalité contraignante) de la « vase » ou de la « chambre » ou du « phare » s’ouvre, et la perspective d’un envol sauve de la pesanteur d’esprit. « Entre amour et tremblement de terre », l’homme n’est plus « un roseau pensant », comme chez Pascal, mais un arbre agité ou bien, au contraire, camouflant en silence son désarroi. D’ailleurs, Gazizova intitule symboliquement l’un de ses poèmes « Hurlement sur l’arbre ».
Naturellement, sa poésie se nourrit de sa biographie. Elle surprend la trajectoire d’un être qui part en hâte, qui préfère fuir au lieu de rester, abandonné dès sa naissance, et qui aime s’abandonner dans la course trépidante vers un autre horizon, ou bien d’abandonner, prosaïquement, sa cigarette à sa fumée : « Pourquoi n’a-t-il pas fumé jusqu’au bout ? / Pourquoi il a tout laissé — / Car parfois, une cigarette est tout au monde — / Pour être simplement ailleurs ? »
Les mots semblent s’ordonner selon un sentiment d’absence de soi et d’absence de tout lieu, pourtant vu, parcouru. Ils ne retiennent que des traces d’une présence, le souffle d’un être évanescent, sans chair et os, un ombre solitaire : « Un panache de fumée, / Non aspiré dans les poumons, / S’enroule tristement au-dessus de la table… ».
Liliya Gazizova tient à la charge méditative de son écriture qui la conduit à composer des poèmes en prose où les mots coulent d’un vers à l’autre, en pleine liberté, sans souci pour la rime ou un rythme bien suivi. Mais une sensibilité irrépressible rend tout penchant vers le prosaïsme impossible et stimule la rêverie poétique. Un rythme léger, une douce cadence insufflent une vision et une diction aux accents tragiques. Ce tragisme est mis en sourdine par le biais d’images brisées, issues d’une vie à la recherche de l’harmonie, dans des scènes racontées avec tendresse par un moi volant, aspirant à la conciliation, qui recueille en lui toute la solitude existentielle des romantiques. Parfois, il explose comme chez eux, dans des cris désespérés : « Comme je voudrais / Grimper sur l’arbre, / Hurler à la lune, / Ou vice versa : / Grimper sur la lune, / Hurler à l’arbre. »
Tout désespoir est, paradoxalement, un espoir ; sans l’appétit du désastre, il n’y a ni douceur à vivre, ni mission à accomplir. En ce sens, « Tu » est un ars doloris insistant sur le besoin impérieux de souffrance pour l’esprit créateur : « Tous les matins / J’invente ta mort. / Et le soir / Cela devient réalité. / Mais à l’aube / Tu reviens vivant / Et tu caresses mes cheveux. »
Une question existentialiste se dégage de tout ce recueil : les mots sont-ils capables « [d]e me sauver / De moi ? » Peuvent-ils assurer l’harmonie de l’être, le mettre en accord avec le monde ? Le sentiment est-il dompté par le mot, par cette forme de réflexion et de reflet extérieur ? Écoutons la poétesse prier pour sa libération (le poème s’appelle symboliquement « Mon temps ») : « Donne-moi du temps. / Et je vais t’aimer. / Malgré la géographie. / Malgré le temps. / Même en dépit de l’éternité. / Pas par pitié, / Par tendresse, plutôt, / Presque par nécessité. / Par sentiment de contradiction, / Au diable, / Je t’aimerai… ».
L’harmonie serait à chercher partout. Mais en lisant son livre, on voit que c’est la juste combinaison des antagonismes. Leur mise en éclat. Leur intensification déséquilibrée, mais qui conduirait à une forme de pause intérieure. Dans cette focalisation sur l’harmonie esthétique des contraires, l’exil intime, métaphysique, conduit à un sentiment enrichissant, et projette dans les mots un désir toujours plus fort, plus dynamique. Dans l’ordre de la création, la contradiction devient un principe de structuration. Par la rêverie poétique et l’alchimie verbale, l’ego arrive à aimer ses penchants divergents, à accepter le mal, et à se réjouir du bien. Dans cette logique des contraires, la compagnie de l’autre se sent surtout dans la solitude. La poésie exprime cette compagnie qui rend sublime la solitude terrestre, une topographie de l’éphémère. Se fixer dans un endroit pousse à mieux regarder/imaginer le lointain et fabriquer l’inexistant : « Il y a une mer à Kazan ».
Dans un monde instable et dangereux, la poésie est « l’escalier de secours » — topos d’une existence prudente et à l’attente, loin de l’« injustice mondiale », de la « famille séparée », ou du « destin réel cruel » ; sa mission est de créer des techniques de survivance : « Et ne penser qu’à cela : / Comment ne pas tomber. »
Par son écriture, Gazizova retourne au temps de son enfance pour mieux s’en détourner, dans des vers simples et libres, confessionnels, ceux d’un être-enfant, un être souffrant, ce « gros enfant » qu’on porte en soi dès le début du monde et jusqu’à sa fin, et qu’on nourrit éperdument : « Je réfléchis aux pensées / Dans la tête d’un enfant très gros. / Et combien de fois il se sent triste… » ; faire revivre ses proches (la mère, le père, la grand-mère…) dans une habitation stylistique durable et moins contraignante ; la grand-mère, ennoblie par la nostalgie, et enjolivée par l’intertextualité : « Quand grand-mère écoutait Dalida, / Elle devenait plus gentille. / Je pouvais lui demander / N’importe quoi, même les sucreries. / Quand grand-mère écoutait Dalida, / Elle devenait plus jolie. » ; savoir glisser la peine dans l’espace affectif du souvenir ; buter contre les mots tout comme on bute contre une porte fermée : « J’ai été élevée par une porte fermée / De la chambre de mes parents. [...] Depuis lors / Je peux passer à côté / De n’importe quelle porte fermée. », cette « porte sans mémoire » que poétise Edmond Vandercammen.
La poésie devrait comprendre, métaphoriquement disséminés, des questionnements bouleversants : pourquoi naître, pourquoi s’exiler, pourquoi se laisser tomber dans son enfance. Fidélité biographique et acuité visuelle sont les moteurs de l’exercice avec les mots pour combiner disposition et prédisposition, science et intuition, malheur et bonheur : « Je sais pour sûr, / Être née pour le bonheur. ». Pourtant ses poèmes — des « rêveries vers l’enfance », selon l’expression de Bachelard, nous prouvent que « Tous les sens s’éveillent et s’harmonisent dans la rêverie poétique. C’est cette polyphonie des sens que la rêverie poétique écoute et que la conscience poétique doit enregistrer » La rêverie arrive donc à illustrer « un repos de l’être », et « un bien-être » C’est la rêverie qui provoque la libération du réel, de cet ego ennemi et étranger. Dans la rêverie-poésie, le moi est capable, pour reprendre les mots de Shelley, « de nous faire créer ce que nous voyons ».
L’univers imaginaire de Liliya Gazizova se compose de rêveries, songes et souvenirs par lesquels le sentiment d’un perpétuel exil se transforme en bénédiction, en cette autre vie où « Je peux passer à côté / De n’importe quelle porte fermée. »
Dans ses poèmes, elle se met à l’écoute de ses rêveries et à la consignation de ses réflexions non sur le vécu et le vu, mais sur l’entrevu, effet de la détemporalisation et marque de l’enfance perdue et retrouvée par un imaginaire animé. Refaire son enfance signifie en fabriquer une autre, et céder l’initiative aux caprices de l’adulte déçu. Le devenir prend forme autour d’un nouveau moi qui fait de son égarement et de sa perte, sa gloire : « Je continue à me perdre, / Parce que les grands trains ne s’arrêtent pas / Dans les petites gares… ».
Стать стрелкой на часах
Казанского Кремля.
Клавишей Delete
Мирового компьютера.
Западающей си-бемоль,
Утренним бесцветным мраком,
Yelkovanı olsam
Kazan Kremlin saatinin
ya da dünya bilgisayarının
delete tuşu
ya da duman duman bir sigara tabakası
basmayan bir si-bemol ya da
Devenir l’aiguille
de l’horloge du Kremlin de Kazan,
La touche Supprimer
de l’ordinateur du monde,
Le si bémol tombant,
L’obscurité incolore du matin,
--
Это была бы плохая идея —
Жить с вами
В маленьком городе.
Я бы предпочла
Видеться с вами не часто,
Скорее даже наоборот.
Мы целовались бы до одурения,
Почти без стеснения,
Без обещаний,
Без будущей тоски.
Мы гуляли бы по улицам,
Взявшись за руки.
Мы не могли бы насмотреться
Друг на друга,
Смеялись бы
И не строили
Планы на будущее.
А маленький город
Глядел бы на нас снисходительно
И строил собственные планы на нас.
А пока…
На чем мы остановились?
Berbat bir fikir olurdu
sizinle yaşamak
küçücük bir şehirde.
Benim tercihim
Sizinle çok sık görüşmemek olurdu,
hatta tam tersi.
Sersemleyene kadar öpüşürdük,
hiç utanmadan,
söz vermeden,
gelecekte hüzün duymadan.
Sokaklarda dolaşırdık
el ele tutuşarak.
Doyasıya bakmazdık
birbirimize,
gülüşürdük
ve kurmazdık
gelecek planları.
Küçük şehir ise
küçümsercesine bakardı bize
kendi planlarını kurardı bizimle ilgili
oysa şimdilik…
Nerede kalmıştık?
Ce serait une mauvaise idée —
Vivre avec vous
Dans une petite ville.
Je préfère
Vous voir rarement,
Oui, certainement.
On s’embrasserait jusqu’à la folie,
Presque sans gêne,
Sans promesses,
Sans souci du futur.
Nous marcherions dans les rues,
Se tenant par la main.
Se regardant
Sans cesse,
En riant
Sans construire de plans pour l’avenir.
Et la petite ville nous regarderait
Avec une douce ruse
Et bâtirait ses propres plans pour nous.
Mais en attendant…
Où nous sommes-nous arrêtés ?
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