L'écrivain national russe
- Valentina Chepiga

- 25 janv. 2023
- 2 min de lecture
Qu’est-ce qu’un écrivain national ? Saviez-vous qu’en Malaisie, c’était un grade élevé, un Sasterawan Negara, qui était attribué aux écrivains malaisiens de 1981 à 2019 ? Le 25 janvier, jour de la naissance du poète écossais Robert Burns, est largement fêté en Écosse: « Quand l’Écosse oubliera Burns, le monde entier oubliera l’Écosse », dit-on. Nous citerons, bien entendu, Dante pour l’Italie, Servantes pour l’Espagne…
En Russie, le poète national, c’est Alexandre Pouchkine (1799-1836). Fiodor Dostoïevski prépara un discours pour l’inauguration du monument dédié à Pouchkine et érigé en juin 1880. Il commença par citer Nicolas Gogol, un autre grand écrivain russe, qui présentait Pouchkine comme « probablement, l’unique manifestation de l’esprit russe ».
Un lecteur avisé connaît Pouchkine notamment grâce à La Fille du capitaine, son roman publié en 1836, adapté d’ailleurs en 1962 pour la télévision française, avec Victor Lanoux et Dominique Vilar. Les amateurs d’opéra nommeront Boris Godounov, la tragédie historique de 1825 adaptée pour l’opéra par Modeste Moussorgski en 1874, et la Dame de pique, la nouvelle de 1833, adaptée par Piotr Tchaïkovski en 1890. Les amateurs de ballet mentionneront en premier La Fontaine de Bakhtchissaraï de 1824 et adaptée pour le ballet par Boris Assafiev en 1934.
Les Russes découvrent Pouchkine très tôt : à travers ses contes en vers, notamment Du pêcheur et du petit poisson, puis, avec son conte Le Coq d’or adapté pour l’opéra et parfaitement accessible pour les plus petits. Enfin, à l’école, au collège, ils apprennent ses poèmes par cœur, ceux sur la nature russe, notamment. Ensuite, au lycée, ils attaqueront les longs poèmes comme Le Cavalier de bronze (1833).
Pouchkine est connu en France, mais tous les traducteurs de ce grand poète russe parlent de l’énorme complexité de traduction de son œuvre poétique en français, considérant que le vers pouchkinien devient plat, que les mots perdent leur saveur, que la mélodicité se simplifie. Oui, la langue de Pouchkine est très concrète, presque physique, et, probablement, elle devient moins belle quand on la met à l’épreuve d’une langue qui n’a pas de système de cas et d’aspects grammaticaux et qui demande une reformulation et un travail de titan avec la rime.
Saviez-vous que Jacques Chirac avait traduit Eugène Onéguine à vingt ans ? Il était fasciné par Pouchkine et a lu l’intégralité de son œuvre.
Chez Vibration éditions, cet exploit est réalisé par Florian Voutev qui a traduit Eugène Onéguine, oui, en vers, rimé, mélodique. On entend la langue russe à travers cette traduction qui respecte pleinement la langue française qui l’accueille.
Bonne lecture !
Valentina Chepiga
Professeure de russe à l'Université de Strasbourg.
A paraître avril 2023 : Mikhaïl Yasnov, En partie. Recueil poétique bilingue (FR-RU).
Traductrice de : Attila, tragédie de Zamiatine.
Sévérianine. Poésies choisies.
Un Nuage en pantalon, avec la complicité d'Elena Bagno.




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